On laisse les montagnes du Brandberg derrière nous, maintenant direction la côte. On traverse un paysage encore désertique, aride au possible, du sable uniquement jusqu’au village paumé de Henties Bay où l’on revoit enfin la mer, glaciale et agitée.
Henties Bay n’est pas un grand point d’intérêt, mais il y a tellement peu de villes dans ce pays qu’on est toujours content d’y passer se ravitaller un peu. Depuis peu on a pris l’habitude de passer au supermarché SPAR, qui propose un rayon plats cuisinés un peu comme au self, sauf qu’on peut partir avec ses plats, idéal pour le pique-nique et manger (assez) sainement. Gamelle de poulet roti, pap (le plat typique, sorte de polenta à base de maïs blanc), pâtes, on mange adossés à la voiture sur une piste en sable qui surplombe la plage sans fin.
On longe le litoral, paysage lunaire, nous sommes encore seuls sur la route, fin du monde. Soudain le panneau que l’on guettait est là, Cape Cross. Nom fameux en Namibie et pour cause, c’est le repère de près de 100.000 otaries à fourrure. Oui ici sur la plage, la colonie a élu domicile, principalement pour mettre bas. Comme souvent on passe une guerite et on paie un droit d’entrée à payer qui tourne la plupart du temps autours de 7€.
Une piste continue quelques kilomètres le long du littoral. On croise un chien sauvage un peu amoché qui vient voir quel bébé phoque il va pouvoir venir manger sur la plage. Finalement on arrive au parking, à peine la portière ouverte que l’odeur nous rempli les naseaux. C’est tout simplement horrible, pestinentiel, pas moyen de respirer tant l’odeur d’animal, de merde et de cadavre s’infiltre partout. On nous avait prévenu mais c’est violent.
Une promenade en bois est aménagée à un mètre au dessus du sable où s’entassent les milliers d’otaries. Vacarme hallucinant, ca hurle ca aboie ca crie ca chiale. Les centaines de bébés cherchent leur mère, des dizaines ont déjà crevé à la joie des mouettes. Les otaries sont de vraies chiennes, très territoriales, elles ne laissent rien passer dans leur mètre carré sans aboyer, autant dire que c’est donc en continue. Les mères sortent de l’eau avec leur bébé dans la gueule qui valdingue à tout va à mesure qu’elle marche sur ses congénères.
Les otaries sont à perte de vue de chaque côté, difficile d’imaginer leur nombre alors on fait confiance à ceux qui ont déjà compté. Il faut savoir qu’en Namibie il a plus d’otaries que d’habitants, soit environ 2,5 millions…
On décide de rester par ici, car la suite de notre aventure, le lendemain, sera de traverser la skeleton coast dans laquelle on ne peut pas camper, il nous faut donc rester ici. On décide donc de prendre un emplacement de camping dans la réserve de Cape Cross, en amont des otaries pour ne pas avoir l’odeur. On paie nos 100$ namibien pour l’emplacement. On est forcément seul, face à la mer à 10m de l’eau. Sur la plage face à nous on voit très bien les bébés phoques abandonnés ou perdus, trop faibles pour quitter la plage et ses rouleaux, trop loins pour que leurs mères les retrouvent… Le spectable est déchirant, avec leur fourrure noire et leurs yeux bleus il est dur de ne pas craquer, mais il n’est rien possible de faire, ils n’accepteront que leur mère…
Après avoir acheté un peu de bois sec on lance notre petit feu de camps, la tente est installée à l’abris du vent. Quelques plans rapides au drone écourtés par des attaques d’oiseaux inquiets. Ce soir c’est knaki au barbeuc et citrouille, on sait se faire plaisir !
Au réveil un bébé otarie est à 3-4m de notre tente, mal en point, trop dur pour le moral alors on prend la route de la côte des squelettes…