On redescend la vallée, traverse plusieurs fois la rivière, on revoit évidement des gens en galère de camion pour finalement arriver sous le soleil à Tsengel, petit ville typique Kazak, pas de yourte ici mais de vraies maison en torchi, des rues poussiéreuses, des portails tenant à peine debout en bois, en alu, en tout, une ambiance particulière disons, une mosquée miniature, une école où les jeux sont faits de pneus repeints, des vaches qui mangent du carton et une jolie rivière.
Nous sommes en fait chez notre chauffeur, sa femme son père et son fils sont là, on a une vraie chambre dans une annexe. La maison parait grande quand on a l’habitude des yourtes ! Pas de salle de bain, toilettes dans un cabanon plein d’araignées dans le coin du parking, une grande fosse dans laquelle on a rien envie de laisser tomber et deux planches branlantes pour se mettre au dessus. On commence comme toujours par boire le thé au lait (au lait au thé selon la recette), on nous sort comme à chaque fois, l’assiette de beurre qui fait peur, l’assiette de crème qui fait un peu peur, l’assiette de vieux bout de fromage secs de yak qui ressemblent à des cailloux qui font peur, l’assiette de bonbons emballés qui rassurent un peu.
Après notre ballade on revient pour le diner, on prie intérieurement car on ne sait pas sur quoi on va tomber. Il faut dire qu’on en peut plus du monton est des plats mongols, Mélanie se débrouille toujours pour jeter discrètement le mouton, moi je mange le moins possible j’ai déjà perdu quelques kilos et bien souvent en voulant faire l’effort de goûter un truc on a du mal à s’en remettre (genre les cailloux de fromage !). Alors vous n’imaginez pas nos têtes en voyant arriver le menu, un immense plat en fer, avec tout le monde en pièce détachées dessus, tête, panse, organes, pattes…une espèce de soulagement quand on découvre que ce qui ressemblait à un grand intestin enroulé au-dessus est en fait un genre de crèpe torsadée très bonne. Mélanie se décompose, je ne fais pas le fier. Et c’est parti, tout le monde plonge à la main dans le plat, ca suce les os, ca raque le crâne, ca va chercher dans les recoins le tout dans une odeur de mouton bouilli… Je guette illico les morceaux mangeables, maigres, les savoure en faisant bien remarqué que je mange, me gave un peu avec de la crêpe mais suis obligé d’accepter je-ne-sais-quoi, surement un bout de coeur, très rouge, que le grand-père me tend gentillement avec ces mains sales.
Bref, on s’en sort, direction la chambre pour manger discrétos un petit dessert car on a dit qu’on était très fatigué. Bon, au milieu de la nuit je suis réveillé par les premiers mots de ventre, et ce n’est que le début !