Attention, drogués de montagnes fuir de toute urgence. Le Caucase est une grande et belle chaîne de hautes montagnes qui sépare la Russie de la Géorgie. Pas mal de sommets au dessus de 5000m, dont l’Elbrouz en Russie, 5600m et le Shkhara, 5200m, plus haut sommet de Géorgie. Autant dire qu’on voit du sommet enneigé, des glaciers qui en tombent et des parois verticales cachées derrière les nuages.
Notre première destination sera Kazbegi, au nord de Tbilissi. Sur la route on voit beaucoup de monastères, typiques de la région et d’églises, toujours dans des endroits charmants et souvent sur de beaux surplombs, devant les montagnes où les nombreux petits lacs. Pour notre première nuit on campera d’ailleurs face au monastère de Ananuri, très fameux. On repère une plage en herbe de l’autre côté du lac et le 4×4 fait le reste.
Au réveil on monte toujours au nord pendant 2-3heures direction la vallée de Trusso, un petit coin de Paradis où se met une rando de 16km, verdure, montagne, monastère en ruine et sources chaudes, on a l’impression d’être dans le Seigneur des Anneaux.
En fin d’aprèm on finit la route et on arrive à Kasbegi. Une sorte de petit Chamonix mais avec une seule rue ! Petit resto, vue sur le mont Kasbek en face et la célèbre église qui domine le village. C’est un spot superbe qui nous attend malgré le temps qui se gate un peu, on la chance de voir le sommet et la vue. On passe une nuit pluvieuse et on attaque la rando au matin mais avec 45mn de marche c’est un déluge qui s’abat sur nous, gros orage, ça gronde dans la vallée ! S’en est fini, on est trempé jusqu’au os. Un point météo nous informe que les jours prochains ça continue, changement de cap, on trace au soleil en Arménie !
De retour d’Arménie nous sommes cette fois dans la région ouest du Caucase, la région de Svaneti, avec comme point de chute principal, le village de Mestia. On est donc toujours dans le Caucase géorgien et pourtant c’est un autre monde, un monde qui n’a d’ailleurs jamais vraiment été conquis. Ici les villages ont un charme fou, déjà par le cadre dans lequel ils sont posés, mais aussi par la présence d’une multitude de tours d’époque. Cette région était encore récemment peu accessible, la nouvelle route n’était d’ailleurs pas encore dans le guide. 4 heures de routes en lacet, au bord du vide, depuis Kutaïssi (seconde ville de Géorgie) et pas une station essence sur la route, on a frôlé le drame ! Quand on arrive c’est encore l’orage, on s’octroie de dormir en Guesthouse, une immense maison familiale où on a tout l’étage du haut qui est d’ailleurs accolé à une tour ce qui nous permet de monter dessus !
Le lendemain, grand soleil, on attaque à la première heure une magnifique randonnée au pied du mont Becho, 4700m, le plus dangereux de tous parait-il. Pont frêle sur une grosse rivière en point d’entrée, puis une belle vallée boisée avant d’attaque un mur hyper raide qui nous fait passer au dessus de 2 magnifiques cascades bien violentes. On traverse un torrent qui nous fait réfléchir à deux fois avant de sauter d’une pierre à l’autre (d’ailleurs pas sûr que les suivants se soient amusés à traverser). Finalement en 3h30 on arrive au pied du glacier, un mur de glace impressionnant, on est seul, on a vu per-sonne. Les sommets font peur tellement ils sont raides et on se rend compte que le temps peut vite tourner.
La descente est tellement raide qu’on est obligé de tracer, à peine 2h pour rentrer, là pour le coup on a croisé beaucoup de monde qui allait voir les cascades. Rando faite en à peine 6h alors qu’annoncée en 8-10h, demain on va avoir mal !
De retour à Mestia on apprécie notre petit confort, sieste possible dans un lit, bière en terrasse, petites parties de dés le soir.
Réveil-matin 8h, on se réveille un peu moins comme des fleurs, décollage 10h pour aller voir les lacs de Koruldi, la rando populaire du coin. Certains partent du village à pied (1400m D+), d’autres se font monter en 4×4, nous on finalement choisi vu la chaleur et notre état pour un moyen hybride, on ne fera que les 3 derniers km à pied mais on les sent bien passé quand même. Le spot est vraiment chouette, tout petit lac entouré par des chaines de montages tout autours. Hélas on est à la mauvaise heure on aura pas le reflet mais on aurait pu monter rien que pour cette photo.
Une douche à la maison et on prend la route supposée chaotique pour Ushguli, un tout petit village encore plus paumé à l’est dans les montagnes, l’idée étant de ne pas revenir sur nos pas mais de tenté la boucle en voiture vers l’est pour revenir à Kutaïssi.
L’arrivée à Ushguli est magique, une lumière splendide s’abat sur cette vallée elle aussi splendide. On y voit 3 petits villages à la suite, isolés 6 mois de l’année ils sont encore bien dans leur jus. Parsemés des fameuses tours avec en fond l’immense Shkhara qui se dégage tel un mur de neige impressionnant. On se fait une petite bière dans les champs en contemplant la vue avant d’aller choisir notre spot de camping pour la nuit, on a l’embarras du choix. Finalement on opte pour une colline qui ne sera que la notre, derrière l’église, on surplombe les villages d’un côté, et la vallée dans laquelle on marchera demain de l’autre.
On s’installe pendant que les nuages finalement disparaissent des montagnes laissant le ciel clair faire apparaître totalement le Shkhara, ça fait flipper. On voit les immenses glaciers suspendus qu’il reste, on s’imagine comment c’était il y a 100ans, 10000ans…?
Le lendemain la randonnée est assez plate, 16km AR avec en point d’aboutissement le glacier principal. Encore une fois on est tout seul car on a eu la bonne idée de partir assez tôt. Pique-nique devant la falaise de glace qui ruisselle et qui nous balance quelques belles pierres de temps en temps l’air de dire de ne pas trop nous approcher…
On rentre claqué, sous une bonne chaleur, heureusement ici on peut boire dans toutes les rivières, l’eau est pure et fraîche ! Un bon dej avec une dernière vue sur tout ça et c’est parti pour la deuxième grosse partie de la journée, rejoindre Kutaïssi en 4×4. Une piste imbitable, l’équivalent d’une piste de tracteur en montagne. On passe dans un paysage vraiment magnifique des glaciers qui descendent un peu partout, une végétation impressionnantes, on croise une seule voiture mais on comprend vite pourquoi, on mettra 4h pour faire les 40 premiers kilomètres… En plus la route est effondrée à certains endroits et les pelleteuses se débrouillent pour nous faire passer, parfois on ne comprend pas bien où, alors vu que ça a l’air de passer bah on passe ! Arrivés lessivés et sous le brouillard et la pluie battante à Kutaïssi, on se paie une bonne bière et un bœuf Strogonoff, on l’a bien mérité !