Ici le voyage s’arrête, je fais une pause, on change de mode de vie pour passer à la recherche d’un travail histoire de renflouer un peu les caisses en attendant que la saison des pluies se termine aux îles Fidji, ma prochaine étape d’ici un mois et demi.
Assez rapidement et grâce aux contacts sur place je trouve une place à l’usine tout près de la petite ville de Blenheim, capitale du Malborought, la région du vin. Nous sommes donc dans le nord de l’île du sud, à environ 350km de Christchurch, à 8km de la mer.
La ville est remplie de jeunes backpackers venus chercher du travail, car du travail, il y en a à foison. Payé le minimum légal bien souvent, mais le truc c’est qu’il est possible de faire beaucoup d’heures par semaine pour remplir son compte en banque. Vous pouvez vous présenter à l’office du tourisme vers 6h du matin les contracteurs viendront vous chercher pour aller dans les vignes, moi j’ai opté pour l’usine de légumes et de moules, Talley’s, une marque bien connue en Nz qui fait surtout des surgelés. L’usine c’est un taf ingrat, un boulot à la con, du travail de machine. C’est pas drôle, c’est bruyant et long, et on se rend vite compte que les études c’est bien, et que même le travail de bureau est finalement bien agréable.
C’est la saison du maïs en ce moment, je vais donc passer les prochaines semaines à trier les bons et mauvais maïs qui m’arrivent sans discontinuer (la machine tourne 24/7 pendant 3 mois) sur un tapis roulant. Parfois il faut juste prendre les plus gros maïs et les passer sur un autre tapis roulant ou sinon les jours de chance je revêts la combinaison étanche et je fais le lavage à grand coups de lances à incendie et de raclette, ca promène un peu. L’usine tourne à 90% avec des jeunes en visa vacances travail, vous retrouvez donc que des visages connus de la maison, à l’hôtel, au supermarché et dans la boite du coin le samedi soir que pendant les pauses ou les heures de travail, marrant.
Je passe les deux premières semaines dans un hostel puis migre dans une maison à partager, c’est la solution la plus confortable et économique. En fait ici le top c’est de trouver du travail soi-même puis ensuite de chercher à se loger. Beaucoup de contracteurs en profite pour vous chercher du travail et vous obligent à rester dans leur hostel à 130$ la semaine, alors qu’en maison vous allez payer dans les 70-90$.
Les rencontres les contacts les collègues et les soirées font que je me retrouve vite au 58 Lucas Street. LA maison. Ici les campeurs et les vans sont bienvenus, possibilit é de dormir dans le jardin ou sur le parking pour 50$ la semaine, difficile à battre, du coup il y a du monde. La semaine ou j’arrive nous sommes environ 21 à y habiter, difficile de compter en fait, tout le monde travaille sur des horaires différents, la nuit, le matin l’aprèm, il y a du coup toujours des gens qui cuisinent, toujours des gens et qui fument dans le salon, certains commencent leur nuit pendant que d’autres la terminent. Moi je travaille de 14h à 22h, surement le plus cool des horaires car on profite quand même de la matinée. Je fais les trois premières semaines en allant en vélo au travail qui est à environ 8km de là au bout d’une ligne droite sans fin puis me couchant de plus en plus tard avec les horaires de travail je partage une voiture avec les gens de mon horaires.
A la maison nous sommes 50-50 français et allemands, surement à cause du bouche à oreille, du coup c’est pas le top pour parler qu’anglais mais l’ambiance est vraiment sympa. Heureusement d’ailleurs car c’est ce qui fait que les gens restent, car forcément la propreté laisse à désirer, et pire encore. Difficile de trouver une fourchette où un mug à laver pour boire son café au milieu du mètre-cube de vaisselle qui marine dans l’évier depuis 3 jours. Il faut bien souvent se motiver 10mn pour réussir à faire une place pour son assiette sur la table après avoir renversé 3 cendriers. Je ne parle pas de l’unique salle de bain où de l’unique wc de la maison pour respecter les âmes sensibles…
En fait j’ai énormément de chance j’ai une chambre pour moi tout seul et ça, ca n’a pas de prix et ca ne doit pas être le cas de beaucoup de personnes dans Blenheim ! Un vrai havre de paix bien utile quand on veut être seul (ou à deux haha) et quitter un peu la communauté ! Car elle est sans fin la communauté, plus des gens partent plus d’autres arrivent, le propriétaire passe tous les jours faire les comptes et tenter de récupérer ses loyers en fermant les yeux sur les dessins qui sont apparus sur les murs où les gens qui dorment encore dans les canap ou le garage !
Heureusement on sait que ce mode de vie est pour une durée limitée. Commandes de pizzas à 5$, beaucoup de bières qui coulent le soir, et le pétard qui comme la flamme olympique n’est jamais éteint dans cette maison.
Les journées sont longues mais les semaines passent rapidement, c’est difficile à expliquer mais la routine et la monotonie du travail font qu’on se perd dans les jours. En plus on travaille même le weekend donc on se perd vite, la soirée du samedi soir sert de repaire ! Le compte en banque se rempli petit à petit, car sorti des courses on ne dépense pas grand-chose ici, Blenheim est relativement mignonne mais c’est pas du tout l’endroit où vous dépenserez votre argent, puis pour faire quoi d’abord ?
Finalement on a l’impression d’être un peu en famille, les potins les histoires, puis la saison commence à se terminer, il n’y a plus de travail dans les vignes et l’usine nous met de plus en plus au chômage technique. Les gens commencent à partir, reprendre le voyage ou tout simplement quitter la Nouvelle-Zélande pour l’Australie ou la maison.
Le 58 Lucas street se vide petit à petit, on est plus que 15, que 10, que 6… C’est bientôt mon heure de partir et c’est pas plus mal car il est jamais marrant après tous les bons moments passés ici de partir en dernier. En plus je ne pars par seul pour le moment, Ayumi, une rencontre fantastique m’accompagne à Christchurch pour mes derniers jours et se sont les yeux plein de belles images, de souvenirs et de larmes que je les quitte, elle et la Nouvelle-Zélande pour continuer mon voyage vers des contrées plus ensoleillées…