Je me l’étais promis, je ne pars pas d’ici tant que j’ai pas fait un 6000 ! On trouve une agence sur La Paz où après négociation c’est bon, on part pour le Huana Potosi, un des 6000 qui entoure La Paz pour une ascension de 2 jours. Le Hyuana est réputé pour être un des 6000 les plus faciles du monde, donc ça c’est cool, cela dit, 6000 facile mais 6000 quand même…
Au programme un départ en bus de la Paz pour environ 2h pendant lesquelles nous approchons le camps de base bas, en passant par de magnifiques paysages, les lamas se baladent dans les champs à plus de 4000 avec des arrières-plans bien enneigés, des lagunes vertes, des terres rouges bordent notre chemin.
Nous arrivons au camps de base bas, 4800m, autrement dit, on commence du haut du Mont-Blanc ! 2h de marches sont prévues pour ce premier jour où le but est surtout de s’acclimater encore un peu et d’atteindre le camps de base haut d’où commence vraiment le sport. Bon par contre, pour ces deux il faut évidemment monter tout notre matériel : surpantalon, 2 vestes, vetements techniques, piolet, crampons, chaussures de marche sur glacier, sac de couchage, sac à viande (ca caille sec là-haut), polaire, creme, lunettes, frontale, batteries bref… un bon 17kilos sur le dos !
Nous arrivons donc là où nous allons passer la prochaine « nuit », un refuge où tous les groupes se retrouvent dans une ambiance bien sympa. Gouter puis diner, j’en ai plein le ventre, peut-être pas la meilleure stratégie !
Couchés vers 19h car le réveil est prévu à minuit ! La nuit est dure, mal au ventre, mal à la tête, réveil toutes les demi-heures, Marjolaine ne dort pas de la nuit et moi pas beaucoup, on est limite content quand, ca y est, il faut se lever et se préparer. Comme en Equateur deux ans plus tôt, la nuit ne m’a pas réussie. Pas faim, brassé, envie de vomir, malgré cette fois les médicaments pris… Ah oui, j’ai pas précisé, cette fois j’ai mis dans ma pharmacie du Diamox, un médicament contre le mal de l’altitude. Il a la particularité de vous faire pisser toutes les heures, mais surtout, j’ai découvert la veille un autre effet secondaire que j’avais pas eu avant, la myopie. Depuis la veille je suis myope comme une taupe, je vois flou à deux mètres. Un peu relou…
Sous-couche technique, veste, veste goretex, gant en alpaca, surgants de ski, deux paires de chaussettes et mon beau bonnet péruvien, c’est parti ! SuperMario, notre guide d’enfer dont la réputation n’est plus à faire est fin prêt, il nous a déjà mis les crampons. Il faut dire qu’il a du piolet comme on dit ici, 49 ans, 28 ans de haute montagne, lui le Huyana il le fait 3 fois par semaine, et c’est son plus facile…
Bref, c’est parti pour au moins 5h de marche à la frontale dans la neige, il y a pas mal de vent et la température tourne autours de -10 -15 apparemment. On est bien équipé et on marche dur donc ca ne se sent pas trop. SuperMario est un bon guide, il sait qu’il ne sert à rien de partir vite au contraire il faut marcher bien doucement et faire des pauses régulièrement. Notre souffle est très court et heureusement que les petites pauses régulières sont là pour récupérer, chacune d’entre elles est un soulagement, mais je ne demande qu’une chose, m’écrouler dans la neige et dormir.
La très grande partie du parcours est simple, des montées, des passages un peu plus plat, quelques crevasses à sauter et un passage un peu plus technique où SuperMario toujours au top nous assure pendant qu’on plante nos piolets.
Vers 5800 environ je vomis tout mon corps. Pourquoi maintenant ! Non ! Pas moyen que je redescende cette fois ! SuperMario ne s’inquiète pas plus que ca et de toute façon jem e sens mieux maintenant, on y retourne !
Puis le jour commence à se lever, on découvre alors mieux le paysage magique qui nous entoure, des couches de neiges d’une quizaine de mètres, des glacons énormes, un paysage sculpté par les vents et le froid. La dernière partie me parait interminable, nous sommes sur l’arrête finale, ca grimpe dur au milieu des rochers et de la glace, le précipice de l’autre coté est impressionant, et il faut se débrouiller pour laisser passer les gens qui redescendent, car là-haut visiblement il n’y a pas beaucoup de place.
Allelyua, ca y est on y est, des larmes commencent à couler tellement j’en peux plus. J’ai jamais été aussi content de finir un effort. Nous sommes au sommet, c’est tout petit, on s’assoie à une dizaine de centimètres du vide, le cul dans la neige, « a la cumbre », enfin, la vue évidement à 360 degrés est folle, le paysage magnifique, au loin seul l’Illimani rivalise de hauteur avec nous. Je suis tellement crevé que j’ai à peine l’envie de faire des photos, c’est pour dire, mais évidement on immortalise le moment. J’essaye surtout de tout bien imprimer dans ma mémoire, on est pas tous les jours à 6000, enfin à part SuperMario !
D’ailleurs comme il dit lui-même, arrivés en haut on en est qu’à la moitié ! Même pas d’ailleurs vu au’on doit descendre plus bas que d’où on est parti ce matin. Pour la descente il fait chaud, la neige se transforme déjà. On redécouvre avec une lumière idéal et un ciel bleu parfait le paysage qu’on a parcouru de nuit ce matin, incroyable.
Finalement arrivés au refuge, on a plus de jambe, mais hélas ce n’est qu’une pause, le temps de manger un morceau, enlevé nos affaires de neige, tout rempaqueter, remettre les 17 kilos sur le dos et refaire les 2h de marche jusqu’en bas. Oui 2h comme à la montée parce qu’avec ce qu’on a dans les pattes, la chaleur et le retour au petite baskets, on va pas bien vite… Nos deux compagnons Raul et Pamela, des boliviens de notre âges super sympas qui nous suivent depuis le début paraissent moins crevés que nous, et ils ont tout fait jusqu’au bout sans rechigner, mais nous on s’écroule dans le bus qui nous ramène à La Paz.
Aprèm détente, semi-sieste en mode « excuse chui crevé comme si j’m’étais tapé un 6000 ce matin… »…
Un peu normal que tu fasse pipi partout avec le DIAMOX, c’est un diurétique !
hehe, toi cranes pas parce que tu connais ce mot hein…
Bin en tout cas je c pas si ca marche super bien pour l´acclimatation, mais ca fait bien faire pipi…
La bise !