Une routine s’est rapidement installée, chaque matin à 7h Moktar tape sur une gamelle pour nous réveiller. Alors chacun plie son sac, roule son matelas, boucle son gros sac qui partira sur les chameaux et vient s’asseoir autours du pti dej. A 8h30 les dents sont brossées et on suit notre guide à travers un paysage qui change constamment.
Aujourd’hui c’est un grand plateau rocheux qui nous attend pour toute la matinée. On installe le pique-nique sous les palmiers dattiers face aux dunes que l’on voit de nouveau apparaître au loin. Sieste, Yam et lecture avant de reprendre le chemin qui traverse un village avant de déboucher sur un paysage absolument incroyable, celui de l’Erg Amatlich qui commence. Installation du bivouac un peu en hauteur pour une vue optimale pendant que les chameliers prépare le mouton du soir. Le lendemain nous traversons villages, puits, et palmeraies qui commencent à se faire envahir par le sable. Les dunes commencent doucement à monter, on marche sur les crêtes où le sable est tantôt dur tantôt mou. Les mollets sont désormais entraînés ! On arrive progressivement à notre bivouac caché en plein milieu des dunes dans un paysage de rêve. On ne sait où donner de la tête tant c’est beau. Le bivouac, le soleil qui se couche à l’est, les couleurs magnifiques qui se développent à l’ouest. Dah comme chaque soir nous sert les trois thés arabes, le premier amer comme la vie, le second doux comme l’amour, le dernier suave comme l’enfant. Ensuite il se lance dans la confection du pain, une pâte faite sans un seau puis jetée dans le sable brûlant sous les braises. Il le retourne une quinzaine de minutes plus tard et nous sort un grand pain délicieux qui sera notre pain du matin. Il est parfois même encore chaud au moment de faire sa tartine !
Raki la cuisinière est constamment en cuisine, ce soir c’est le couscous traditionnel qui nous attend !
Le vent souffle le soir et cette fois je dors sur la terrasse de la tente, à l’abri du vent mais avec la tête dans les étoiles…
Les deux derniers jours c’est le clou du spectacle, la traversée de l’Erg Amatlich, 10km de marche sur les crêtes magnifiques des dunes dont on a l’impression qu’elles s’étendent à l’infinie. Chaque pas est une incitation à la photographie, ce paysage bien que désertique recèle de détails, les ombres des marcheurs, les petites tornades de sable, les crêtes ensoleillés, les crêtes à contre-jour, les courbes au loin, celles sur lesquelles on marche, le sable qui vole ou celui de nos pieds. Nous devenons tous de vrais enfants avec les yeux grands ouverts.
Notre dernier bivouac est au pied des dunes que l’on vient de traverser. La dernière matinée de marche ne sera qu’une grande balade sur la plus grande dune face à nous, derniers regards sur cette immensité de sable avant de redescendre tout droit jusqu’aux 4×4 qui nous ramènent à Atar.
Rares sont les voyages qui en l’espace d’une semaine vous dépaysent autant. Seulement 4h30 de vols de Paris m’ont emmenées sous un soleil de plomb, dans des paysages lunaires, incroyables. Le dépaysement est passé par la culture, le rituel du thé, le couscous, le pain cuit dans le sable, les dromadaires, les nuits à la belle étoile sous un ciel comme on n’en verra plus jamais en France, mais aussi par la coupure sociale et technologique. Ici pas de réseau, de SMS ni d’internet, pas d’écran, de moteur ni même un four, juste le minimum, le nécessaire, ses pieds, le soleil et un sac de couchage…
Je recommande TELLEMENT !