La Jeep nous mène pendant 5 heures au milieu des montagnes presque vierge sur une route défoncée. On présente nos permis à deux postes de contrôle, nous sommes en règle et bientôt nous arrivons à Ziro. Difficile de croire qu’il y est une ville aussi grande (13000 habitants tout de même) dans un trou aussi perdu.
Notre but ici est de rencontrer les Apatanis, une tribu sino-indienne animiste vivant dans cet état. C’est aussi pour cela que nous avons contacté Michi, notre guide, qui pourra nous inviter chez eux et nous aider à discuter et les rencontrer. Ce dernier nous informe d’une bonne nouvelle, enfin : demain c’est festival. Pas n’importe lequel, c’est le sacrifice du mithun (une espèce de buffle qui vaut cher ici). Une famille a demandé au Chaman quand est-ce qu’il faudrait sacrifier leur mithun pour guérir leurs malades et soigner leur maux. Celui-ci à alors communiquer avec la nature, lu l’année le mois le jour dans différents oeufs. Des journalistes des photographes passent des fois plusieurs mois ici dans l’espoir de photographier ça, et payer ne changera pas la décision du Chaman. Et bien cette date c’est demain !
Michi nous installe chez des amis à lui dans un village Hong. Maisons traditionnelles, toutes les même, en bois et bambou, toute vide et froide (l’air passe partout et la seul fenêtre est un trou dans le mur mais il fait 0 degré la nuit !), très sombre avec juste un emplacement en terre cuite au milieu de la pièce pour faire le feu. C’est d’ailleurs la première chose que nous feront pour réchauffer ce sombre frigo, de toute façon pas d’électricité pour le moment ! Après un frugal repas de riz poulet (comme d’hab hein !) on fait chauffer notre marmite d’eau au feu pour aller prendre une douche puis on file sous les 20kg de couverture pour passer la nuit !
On loue une moto pour la journée et Michi nous emmène directement dans le village où à lieu le festival. on traverse de grandes plaines de rizières mais en janvier tout est un peu sec. Au village effectivement c’est l’effervescence. Les dames en costumes traditionnels et toutes parées d’une multitude de colliers en pierres plus ou moins précieuses passent devant toutes les maisons et distribuent de la poudre et de la bière de riz aux habitants qui attendent devant chez eux.
Tout le monde est là avec son petit sac plastique et attendent leur poudre blanche avant de la manger par poignées. On dirait un peu le défilé des moines bouddhiste qui vont recevoir leur boulette de riz au Laos. Tout le monde boit à la louche. Ici on commence vraiment à voir les fameuses mamies Apatanis et leur visage remarquable. En effet ce qui fait leur particularité c’est leur tatouages sur le visage et surtout leurs écarteurs dans les narines. Cette pratique aujourd’hui interdite consiste à percer les narines des filles en agrandissant la taille du piercing au fil de leur vie. Aujourd’hui les vestiges de cette tradition terminée en 85 sont donc les dames d’un âge avancé qui ont encore ces piercing ainsi que les mamies qui en ont des énormes.
Tout le monde est un peu saoul, même les petites vieilles chez qui Michi nous invite en apportant une bouteille de whisky ! Elles sont toutes contentes de nous voir, nous chantent des chansons et nous invitent à trinquer !
Pendant ce temps là le Chaman continue de chanter. Il chante depuis la veille au soit et je pense qu’il commence un peu à fatiguer. Il dispose d’un assistant Chaman et les deux vont décider qui de quelle famille va sacrifier le mithun. Election faite, c’est un coup de hache derrière le crâne et la boucherie commence aussitôt. Chaque morceau va à une personne en particulier et le boucher (ici plus au sens gore du terme) se doit de bien connaitre la tradition. La bête vidée il ne reste (et ça c’est surprenant) que la peau qui ne sera pas utilisée. Déjà des morceaux de viande commencent à griller sur le feu et l’odeur nous donne envie d’aller s’acheter une pièce de bœuf pour faire pareil à la maison.
Nous quittons finalement la tribu et tous ces hommes qui n’avaient d’yeux que pour Marjolaine pour aller nous acheter un morceau de viande. Ici le boucher c’est à peu près ce qu’il y a de plus terrifiant pour la santé. Des morceaux douteux pendent depuis un temps incertain dans des bicoques crapouilles. Le morceau est palpé par des mains crados et jeté sur une table flippante puis emballé dans un journal quelconque. Et bien on l’achète quand même et le défi sera de cuire ça et suffisamment bien pour pas tomber malade… Allumage du feu et découpe de broches au coupe-coupe dans un vieux morceau de bambou, la cuisson est un peu un carnage et la viande est difficilement comestible, je pense qu’on devrai attendre la France pour manger un vrai steak…!
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