Nous arrivons vers 19h à la gare d’Olantaytambo. D’ici part le train pour le Macchu Picchu. A savoir, c’est le train le plus cher du monde (au km). Difficile à croire et surtout à payer lorsqu’on sait que ce n’est que pour une trentaine de km et qu’il est très lent. En effet, les Incas ont eu la bonne idées de se planquer dans les tréfonds de la jungle. C’était un peu leur but tu me diras d’être planqués, mais là bien joué. Aguas Calientes n’est pas accessible par la route. La seule solution plus économique est d’aller encore un peu plus loin en bus, de là enchainer un autre bus puis faire 3h de marche le long des rails. By night on évitera et notre but étant d’arriver très tôt au Macchu Picchu on préfère faire les riches. Hélas, même à ce prix le train est complet, on nous propose un départ à 5h du matin le lendemain pour 51$ l’aller simple : envie de chialer. La mort dans l’âme on le prend et on va se coucher dans la première auberge qu’on trouve. Maigre consolation, les hôtels sont bien moins chers ici qu’à Aguas Calientes où tout est très cher à cause de l’éloignement et du tourisme.
Lévés vers 4h, on file à la gare et prenons donc notre petit train qui sillone environ 2h dans un paysage du bout du monde. Jurassic Park, incroyable, des montagnes tellement abruptes, telles d’immenses pain de sucre. Une brume épaisse donne en plus un effet mystère bien sympa.
À peine arrivés nous apprenons que les retours sont complets sauf un horaire. Et là ca pique énormément : 87$ le retour : envie de chialer. Jusqu’à Cuzco par contre, ca c’est bien, il reste 3 places, sinon c’est retour à pied plus bus : environ 8h de trajet au programme et donc la perte d’une journée au programme. On craque. On a donc jusqu’à 14h30 pour visiter le Macchu Picchu.
On choisit les tickets qui permettent d’accéder à la Montana. Ce n’est pas le Wayna Picchu (la montagne qu’on voit toujours derrière les photos) mais la montagne de l’autre coté, bien plus haute, bien plus longue à monter mais surtout, avec un point de vue bien plus chouette !
Nous arrivons à l’entrée du site, c’est une vraie purée de poids, on voit pas à 10m. Nous sommes devant le Macchu Picchu et on voit rien, là on va bientôt chialer.
On avale ca en une grosse heure. Des marches en pierres sans fin, 1700 je crois, certaines avec à peine la place de mettre le pied, d’autres très hautes et surtout, un impressionnant vide à coté. On arrive enfin en haut avec une envie de chialer de joie, d’une parce que c’est fini, de deux car les nuages se lèvent et ca y est, il est là. Plusieurs centaines de mètres juste en dessous de nous se dévoile enfin le Macchu Picchu : envie de chialer, de joie. Magique, mystique, c’est dingue. La cité est belle mais c’est l’emplacement qui fait tout. A perte de vu s’élèvent ces montagnes dressées comme des pics dont les sommets sont entourés de nuages et au milieu de ca, comme flottant à 10.000m d’altitude se trouve cette citée cachée, introuvable, imprenable. On redescend prendre un casse croute le cul posé face au Macchu. Il y a des moments comme ca où on voudrait que le temps s’arrête, on voudrait graver ces images au burin dans notre cerveau, on voudrait que tous les gens qu’on aime soient là en même temps pour partager ca. Il y a des images, des photos qu’on voit depuis gamin, en se disant qu’un jour on ira, bah ca y est on y est. Point. C’est dingue.
Le Macchu Picchu quoi qu’on en dise est toujours plus ou moins le point culminant du voyage. On peut le faire d’une manière où d’une autre, avec ou sans sous, sans temps, ceux qui ont la chance de le faire seront probablement d’accord pour dire que c’était le moment fort de leur voyage.
La contrepartie c’est que c’est cher, très cher, c’est une honte de pratiquer des prix pareils, hélas, l’éloignement, l’attraction du site, le nombre croissant de touristes, et donc de gens qui veulent leur part du gateaux, tout cela fait que le Macchu Picchu se paie au prix fort. C’est écœurant mais le plus triste est qu’une fois devant vous vous dites que vous auriez pû payer le triple…
On se balade, on flâne, on crame, on voit des lamas, on fait encore d’autres centaines de photos, essayant de capter notre vision du MP, et surtout de garder le plus possible d’image de ces moments, car ca passe très vite, et on sait qu’on ne reviendra pas de si tôt…
On redescend à pied jusqu’à Aguas Calientes (un autre millier de marches) et sautons tout juste dans notre wagon. Et là, surprise. Nous sommes en sueur, on a marché toute la journée, debout depuis 4h du mat, on pue, on a des piqures on est crado…et on se retrouve en fait dans la première classe. Wagon panoramique, sièges haut de gamme et tablettes en bois laquées, on est au milieu des riches, seuls nous avons des sacs à dos. Les hôtesses (haut de gamme aussi), nous déplient la table, mettent des napes, reviennent pour mettre un petit pot de fleurs, reviennent pour servir l’apéro (qui n’est jamais aussi bien passé qu’après une journée pareille) puis reviennent pour nous poser les couverts (une main dans le dos et déposés avec une pince svp). Ensuite nous est servi un petit encas, une belle boite en bois avec un plateau et petit assortiment de fromages, desserts, etc… le tout très distingués svp. Nous on est peu plus, on est mort de rire, on se demande où on est tombé.
– Un café ? Oui. Du sucre ? Oui. Sucre blanc, sucre roux sucre en cubes ? = lol…
Nous on en est plutôt à essayer de se doucher dans les toilettes (hauts de gamme aussi) et à faire des étirements !
Le bouquet final, c’est tout de même la musique qui se met à hurler tout à coup et le serveur qui revient déguisé en tigre en dansant. Spectacle local, suivi de l’hôtesse et de l’autre serveur qui nous font un défilé des vêtements en alpaca qu’il est possible d’acheter à bord du train. C’est donc vraiment là, quand la plupart des voyageurs se mettent à lâcher 200$ chacun d’écharpes et de pulls qu’on se dit qu’on est pas à notre place, mais qu’avoir payer ce prix là était finalement une très bonne expérience et un truc à faire !
Cuzco rejoint, nous prenons un bus de nuit pour Puno, direction le lac Titicaca !
PS : j’aurai aussi pû appeler cet article, la plus longue journée du monde…
hilarant le coup du train