Il est environ 6h et je me lève. Horaire normal ici, il fait beau et j’ai pas mal de marche devant moi. Des nouilles et un café, je paie mes dettes (plutôt élevées si on considère 10€ pour une hutte papou dans le hum du monde et une patate douce surtout qd on connait le standard Thaïlandais !) et me mets en route. Sur le chemin je rencontre un beau papou-pas-tout-nu mais avec sa couronne de plumes. Il revient de Wamena mais ne ramène rien car il n’avait pas d’argent. On va au même endroit, le village de Sukosimo alors il me propose de faire la route avec lui, ok. On sert toujours la main à tout le monde, j’essaye toujours de faire des photos en mode musqué. Les enfants me suivent toujours pour avoir des bonbons ou juste pour me regarder, stupéfaits.
Les femmes travaillent toute la journée. Elles sont aussi pieds-nus dans des champs ultra-raides, leur sac tissé à la main de toutes les couleurs pendu sur la tête dans lequel elle jettent leurs patates (je vous raconte pas le poids en fin de journée) déterrées avec leur outil favori, une tige en fer. Le spectacle est chouette, les paysages magnifiques.
Il fait beau la journée mais il pleut en fin d’aprem et la lui, donc les chemins sont complètement boueux c’est un désastre, surtout que la plupart sont bien raides et pas du tout aménagés. Eux s’en foutent ils sont pieds-nus dans la boue et la plante de leur pied semble réussir à ne pas glisser. Pour moi c’est un calvaire, surtout avec mes 15kg mais bien vite je renonce à sauver mes chaussures ou mon pantalon.
Nous arrivons au village de Sukusimo. Un sachet d’instant noodles bien mérité et mon papou me dit que dès demain il ira faire des courses avec l’argent que je vais lui donner et il pourra faire la route avec moi aussi à Ugem puis Kurima. L’argent que je vais lui donner ?? Donc en Indonésie la mésentente est la base de beaucoup de transactions non souhaitées… Je lui explique gentiment qu’aujourd’hui c’était cool mais que je voyage sans guide, que je veux pas de guide et que je peux de toute façon pas payer un guide. Dans ma bonne humeur parce qu’il m’a quand même bien dépanné à certains moments où j’aurai pas su le chemin, je lui donne ce qu’il veut pour aujourd’hui en lui disant que je ne le prendrai pas pour le lendemain. On attaque alors le kilo de riz que je transporte depuis le début afin d’en faire cuire une partie pour ce soir et je lui dis qu’il peut garder le reste pour m’excuser (alors que je voulais l’offrir à des plus necessiteux). Je lui passe aussi mon dernier sac de noodle qu’il veut mettre avec le riz. Je pars faire ma sieste (on a marché 5h hein qd même !) et quand je me réveille j’apprends qu’il est reparti vers Kurima ! Il reste du riz cuit dans la casserole, pas de noodles et encore moins le reste du riz pas cuit. En plus je suis tout seul dans l’hôtel, les proprios n’étant pas encore arrivés, c’est lui qui m’avait installé là en attendant.
Finalement la famille arrive des champs, ils sont tous contents de me trouver là tout installé, c’est un peu noël à la maison il va y avoir une rentrée d’argent. J’essaye de leur expliquer que j’ai déjà ma bouffe pour ce soir en leur montrant le riz cuit et là tout de suite les grands sourires « merci merci merciiii » et tout le monde se rue sur la casserole, il est 16h. Les gamins les parents tout le monde en prend une louche alors que disparait sous mes yeux mon ultime nourriture du soir déjà que j’ai plus rien pour le lendemain. Mais j’ai pas le cœur à les arrêter alors je tente d’en demander un peu mais hélas c’est visiblement trop tard. Le riz que je maudissais quelques semaines auparavant je le salivais déjà après toutes ces patates et ces noodles, et il est officiellement fini.
Heureusement un peu plus tard lorsque vient la vraie heure du diner, 18h, on me régale à grand coup de patates douces sur lesquelles je me jette ! Ici encore plus qu’avant les habitants n’on rien, puis on s’éloigne de la ville plus le fossé grandit. Que dire des Yali, ce peuple que je n’aurai pas le temps d’aller voir et qui vit encore à 6 jours de marche d’ici…
Dans le coin tout le monde fume, et surtout, tout ce fume. On me demande sans arrêt ces cigarettes que je n’ai pas prises. La mamie de ma hutte sors une etiquette en papier de je ne sais quoi qu’elle a trouv é par terre, puis elle la roule, y met un peu de tabac et la fume…
Le lendemain levé 6h, un peu de nouilles je mange même une patate histoire d’avoir le ventre plein et c’est parti. Mon hôte m’accompagne (pieds-nus dans la boue et les graviers of course) un peu pour trouver le pont suspendu et le début du chemin, puis je continue seul vers le village de Ugem, magnifiquement posé en haut de falaise avec un superbe panorama de montagnes derrière. Sur le chemin je croise quantité de gens toujours, ceux qui cultivent leurs patates, ceux qui reviennent « des courses » avec leur sac plein a craquer de nouilles, de riz, de lampes torches, parapluies ou autres, et ceux qui sont là parce que c’est leur vie, à vendre de quoi fumer, mâcher ou regarder les gens qui passent en étant tout nu…
Après encore de beaux paysages, des cochons, des murs en pierre à franchir (il y en a partout, sans arrêt pour délimiter les terrains et empêcher les cochons de partir, mais les passages sont tellement rudimentaires que chargé, c’est un exercice à passer), j’arrive finalement de nouveau à Kurima et refait le chemin en sens inverse jusqu’à Wamena, cette fois-ci à 27 humains dans un fourgon minivan…
Au final quand même une énorme déception photographique alors que j’ai croisé les gens les plus gentils et les portraits les plus incroyables je pense que j ai eu l’occasion de voir, mais quand on aime pas les photos ou qu’hélas on a rien à donner en échange et ben on a pas de portraits de papous !
bonjour,
Je cherche a faire un trek dans la vallée du Baliem mais je ne trouve que peu d’info concernant des voyages sans guides. Peux-tu me dire comment tu as fait, préparer les “villages-étapes”…je te remercie par avance.
Laure